Marie Alster, auteur

Ces jours-ci, mûs sans doute par un désir de renouveau, nous avons accueilli à la maison deux fauteuils supplémentaires à caser dans notre maison de poupée. 

Le premier était dans le garage depuis un bon moment et attendait qu'on l'en extirpe. Steve l'avait rapporté de son ancien appartement, une fois que le nouvel occupant des lieux avait à son tour plié bagage. Certes c'est un peu compliqué, la seule chose à comprendre finalement, c'est que ce fauteuil traînait déjà dans un cellier d'un immeuble du vieux Clermont bien avant que Steve et moi échangions notre premier baiser. Possible qu'on lui fasse une robe toute neuve, mais peut-être pas.

Le deuxième est arrivé ce matin. Celui-ci a plus de cent ans, mon arrière grand-mère s'y asseyait m'a-t-on dit. Maria. La mère de mon grand-père paternel, mon pépé, le seul que j'ai eu le bonheur de connaître. Il pleurait un peu à la fin des westerns et admirait Ingrid Bergman, il avait un bout de doigt en moins et ça nous faisait beaucoup parler, et il râlait quand on lui ramenait dans son jardin toute une colonie de doryphores. Il est là, sur la photo.