Souvenir de Noël - à tenir hors de portée des enfants
Publié le 21 Décembre 2009
Je ne me souviens pas très clairement du temps où je croyais au Père Noël ; je l’ai peut-être imaginé posant son traineau sur le toit de ma maison ou rôdant dans le couloir, passant devant ma chambre, le dos courbé sous le poids des cadeaux. Mais ce dont je me souviens parfaitement aujourd’hui encore, c’est du jour où j’appris qu’il n’existait pas.
Nous avions l’habitude en ce temps là – mais ce temps ne dura pas – de passer les dimanches en famille ; toute la famille j’entends : des aïeuls jusqu’aux tout petits, tout le monde se retrouvait pour se remplir le ventre, vider son verre, et se crêper le chignon. Les adultes du moins. Car nous, les enfants, nous profitions du café pour nous éclipser et aller faire un tour sur le pilier du pont, au milieu de la rivière, ou, mieux encore, le long de la voie ferrée. Après-midis bénis où nous risquâmes sans doute mille fois notre vie mais où nous étions les rois du pétrole, Goldorak et Casimir, Drôles de dames et Starsky.
C’est durant l’un de ces après-midis que les autres décidèrent de me révéler ce qu’ils appelèrent « deux grands secrets ». Ils m’encerclèrent, le plus grand me faisant face, les autres pouffant dans la paume de leur main en se poussant du coude.
" - On va te dire deux grands secrets.
- ...- Le premier, c'est que le Père Noël, il existe pas. Et le deuxième, c'est que mémé, elle a eu deux enfants qui sont morts."
On m’avait donc menti sur toute la ligne : le monde ne portait en lui rien de merveilleux, pas de fées ni de magiciens, encore moins de Père Noël. Et si dans le meilleur des cas, les gens qui vous aimaient faisaient de leur mieux pour y remédier, il y avait aussi des enfants comme moi qui tombaient malades et mourraient, abandonnant leurs parents dans un monde sans espoir.
Morceau de mémoire extirpé pour le blog des souvenirs de Cali Rezo