Marie Alster, auteur

Hier, je suis allée rendre visite à ma grand-mère. Dans son lit d'hôpital, les draps remontés jusqu'au menton, elle paraissait toute petite et toute frêle. Je me suis penchée sur elle et j'ai caressé ses cheveux. J'ai caressé ses joues, j'ai caressé son front et je l'ai embrassée. Je lui ai dit que ce n'était rien, que ça irait mieux, qu'elle n'avait qu'à se reposer. J'ai encore caressé ses cheveux et je suis partie.

Ensuite, j'ai revêtu mon armure. La plus robuste, celle que je réserve aux lourds combats. Faisant fi de la pluie et ignorant le vent, je suis allée trouver la mort. Arrivée devant chez elle, je lui ai dit: " Non mais qu'est-ce que tu crois? Tu penses que tu peux l'emmener comme ça? Ce n'est pas n'importe qui, figure toi! C'est ma mémé et quand elle me voit, son regard fond comme si elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau."

Avant de rentrer, j'ai fait un détour par chez la vie pour lui dire: "Ecoute, cette fois j'ai peur qu'elle n'y arrive pas toute seule. Alors si tu pouvais lui donner un petit coup de main, je sais pas moi, à faire battre son coeur par exemple, ben ce serait vraiment sympa. Parce que sans toi, elle va s'en aller et si elle s'en va, j'aurai le coeur brisé."

Depuis, je retiens mon souffle...